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Inside Man
9 juin 2010

Il y a des représentants des bailleurs. Il y a

Il y a des représentants des bailleurs. Il y a des représentants des agences des Nations Unies. Il y a des représentants des ONGs. Il y a le fleuve Oubangui qui coule en silence dans la nuit. Il y a du whisky, de la cuisine mexicaine et des macarons français. Il y a du vin, beaucoup de bonne humeur et de l’amitié. Il y a toutes ces personnes, ce soir rassemblées, mais qui demain reprendront le sérieux de leur fonction. Il y a toutes ces personnes qui croient que ce n’est pas perdre son temps que de se battre pour l’avenir de ce pays.

Situation complexe.

Oui, nous tous ce soir réunis, nous percevons des salaires ou des indemnités indécentes pour le niveau de vie de la population locale. Oui, nous gagnons chaque mois plusieurs fois le salaire d’un ministre, sans en avoir les responsabilités (mais, également, sans en abuser). Oui, d’un certain point de vue, le repas de ce soir, celui de demain, ainsi que tout ce qui constitue notre quotidien peuvent paraître démesurés aux yeux de ceux que nous appelons « bénéficiaires ».

Mais si vous vous attardez un instant sur le parcours de ma voisine de gauche qui reste fidèle à ce pays depuis sept années et continue à en parler aux oreilles des Etats Unis indifférents. Mais si vous écoutez mon voisin d’en face qui lutte contre les lourdeurs administratives nationales et internationales pour mener un combat de titan contre le paludisme et le sida. Et si vous prenez attention à ma voisine de droite qui négocie budget sur budget au point de peser autant que plusieurs ministères réunis. Si au-delà des provocations amicales qui fusent, vous entendez la solidarité de ces isolés qui crient. Je ne sais pas. Sincèrement, je ne sais pas.

Il y a des expatriés qui usent de cette misère pour leur enrichissement personnel. C’est une réalité. Il y a des expatriés qui, au nom de leur position, s’assoient sans hésitation sur les notions d’efficacité et d’honnêteté. Mais ce soir, autour de cette tablée, je n’oserais pas juger ceux qui sont présents. Il y a des rires. Il y a des mets et des boissons inimaginables pour la majorité des Centrafricains. Il y a des provocations. Des blagues. Beaucoup d’amusements.

Mais, sincèrement, demain, je pense qu’il y aura essentiellement des personnes investies qui croient en l’avenir de ce pays et qui, volontairement, ont décidé de lui offrir quelques mois ou quelques années de leur vie. Non, ces personnes ne sont ni des saints, ni des bénévoles. Oui, ces personnes gagnent bien, voire très bien leur vie et construisent chaque jour leur avenir personnel. Mais j’ose croire que tout ceci reste secondaire. J’ose croire, qu’avant tout, leur combat quotidien est pour le Centrafricain.

Utopie ?

Idéalisme ?

Oui. Je le revendique !

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