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Inside Man
7 mars 2011

Fin de mission. L’heure des rapports et des

Vieille_femmeFin de mission. L’heure des rapports et des bilans. L’heure des débriefings. L’heure des conclusions.

Lorsque vous travaillez pour une entreprise, que vous faites une étude de marché, parfois, vous décidez de ne pas couvrir une ville, une région. Il y a trop de concurrence. Ou bien les coûts logistiques s’avèrent prohibitifs par rapport à votre marge. Vous pouvez également décider de ne pas mettre en vente tel ou tel produit. Il ne répond pas aux besoins de la clientèle. Ce n’est pas grave. Vous partez à la recherche d’un nouveaux porte-monnaie, ou d’un produit plus en adéquation. Les bénéfices ne sont repoussés que de quelques mois.

Mais lorsque vous travaillez pour une ONG et que vous arrivez aux mêmes conclusions, l’impact de vos décisions a une toute autre résonnance. Ceux que nous appelons bénéficiaires, ce sont nos « clients » et non les patrons. Et s’il n’y a pas de « bénéfices », ce sont autant de familles dans le besoin qui ne recevront aucun soutien pour rebondir. Jusqu’où faut-il aller pour redonner une maison à un foyer ? Quel prix financier, humain, peut-on mettre sur la table ? Peut-on échanger un regard croisé contre celui d’un inconnu, du moment que celui-ci resteGar_onnet comptabilisé avec la même valeur dans un tableau de bilan d’activités ?

Durant tout un mois, nous avons marché, nous avons partagé le quotidien de communautés, nous avons rencontré, individuellement, plus de 700 familles et complété, avec elles, un long questionnaire détaillant leur quotidien et leurs besoins. Nous les connaissons. Nous avons pris conscience, personnellement, des difficultés, parfois extrêmes, qu’elles rencontrent chaque jour. Elles nous attendent. Mais nous ne reviendrons pas. « L’étude de marché », objet de ma mission, leur est défavorable.

Il est irresponsable de gaspiller l’argent des contribuables et des donateurs pour aider 200 foyers lorsque la même somme, quelques kilomètres plus loin, peut changer le quotidien de 600 familles.

Il est également irresponsable de ne pas porter assistance à ces personnes rencontrées. « Une vie est unique etFillette irremplaçable » disait la chartre d’EquiLibre. Mais quelle est cette vie lorsqu’on ne peut pas toutes les aider ? Celle de Charles ou celle d’Eddy ? Celle de Rosemyrta ou celle de Marie Noëlle ? A l’heure de trancher, il y a des visages derrière chaque nom.

C’est une chose d’écrire un projet dans un bureau, à l’aide d’internet et de quelques coups de téléphone. Ce que j’ai fait jusqu’à présent. C’en est une autre de vivre avec les gens, pendant plusieurs semaines, puis de conclure finalement « non, il faut mieux tout arrêter. Ce n’est pas raisonnable de continuer. » Puis de reprendre son avion et rentrer retrouver son petit chez-soi.

« On fera mieux la prochaine fois. »

Mais les regards, eux, ne vous quittent pas.

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Commentaires
S
bonne arrivée !<br /> vivement la suite ... celle où : « On fera mieux la prochaine fois »<br /> ❤
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